Quand tu fais le point ‘job’ avec des amies archéologues | Chronique d’une Sans Emploi Fixe | 46

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17h05. Extinction des feux, je monte dans ma voiture. Alors que je conduis, mes pensées se dirigent de suite vers un projet en cours : comment je l’organise, quel sujet j’aborde… Sur mon pare-brise, la pluie tombe à grosses gouttes. En un clin d’œil, elle mouille tout : les voitures, la route, la végétation… Cela pourrait constituer un décor un peu triste mais, aujourd’hui, je suis en joie. Peut-être est-ce parce que je rejoins une personne intéressante pour parler de son métier méconnu ? Sûrement. Elle est conceptrice de lumière et c’est une profession fascinante !

On n’imagine pas à quel point cela peut s’avérer utile à notre vie. La première fois que je l’ai vue, elle avait déjà suscité ma curiosité en décrivant son job : penser la lumière et les éclairages en fonction des besoins humains, mettre en « scène » tout ça… C’est dingue mais il n’y a que la nuit et en période de grisaille que l’on considère l’intérêt de la lumière, alors qu’il y a bien plus à faire avec ! Sans parler de l’impact qu’elle a sur chacun de nous, sur nos perceptions, notre énergie…

Le long de la route, j’aperçois une jeune fille à un abri de bus. Sa silhouette me rappelle une amie archéologue que j’ai revue il y a peu. Elle aussi s’intéresse beaucoup à l’anthropologie physique, mais surtout à la criminologie. Elle souhaitait travailler en tant qu’expert archéologue sur des questions de criminologie de terrain. En voyant ses possibilités et l’état des débouchés dans les domaines qui l’intéressent, elle a donc poursuivi des formations adaptées et rencontré des personnes compétentes pour la conseiller. Et elle travaillait en même temps. Il fallait bien ramener des sous pour se nourrir et payer son loyer. Alors elle a bossé en boulangerie, en bijouterie et même en fromagerie. Si elle appréciait le contact avec les clients et le travail proprement dit, ces tâches n’étaient pas très stimulantes sur le plan intellectuel au final… On est loin des débats et des études de cas dans ces commerces. Et c’est normal ! Bref, elle a commencé à ressentir le besoin de changer, tout en faisant face – elle aussi – à de sérieuses désillusions. Si le besoin des services d’archéologue était évident pour certains, il ne l’était pas pour la plupart des intervenants du secteur. Percer dans cette profession lui aurait certainement demandé de jouer les slasheuses et continuellement se battre pour être reconnue, contactée au bon moment, etc. Cette situation était pire que la mienne à l’époque où je cherchais à réaliser des analyses anthropologiques : j’avais eu la chance d’avoir eu des prédécesseurs, elle pas. Aujourd’hui, ce n’est pas face au niveau supérieur de challenge qu’elle a renoncé. Elle a eu le courage d’être réaliste et de voir que ses collègues et collaborateurs n’étaient pas prêts. En attendant, elle aura tout de même semé une graine concernant des méthodes utiles mais mal comprises… Et de son côté, elle s’est tournée vers un emploi à la fois reconnu à sa juste valeur et plus stimulant. Un combo gagnant pour un job ! Dans ma mémoire, je la revois souriante et tranquille. Elle est épanouie. C’est tellement gai de la voir ainsi !

Je suis arrivée à bon port. Je me gare attentivement. Petit créneau dans une grande place. Et je coupe le moteur. L’écran de mon téléphone s’illumine à ce moment-là, dévoilant le message d’une autre amie archéologue. Elle aussi est ravie : elle part bientôt pour l’Égypte. Une mission de plus à réaliser des relevés d’objets et de bâtiments archéologiques dans un pays qui en fait rêver plus d’un. La classe, n’est-ce pas ? Et pourtant, la vie pour elle se trouve être compliquée en Belgique… Comment s’occuper et payer ses factures entre chaque mission ? C’est la question que se posent tellement de gens de nos jours !

La suite au prochain épisode…

Chronique d’une Sans Emploi Fixe | L’Info de la Région 2022 | SEMAINE 8

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