On parle de nos anecdotes professionnelles et de l’arrivée du « iel » | Chronique d’une Sans Emploi Fixe |41

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17h05. Voilà seulement que je m’aperçois de l’heure. Il est temps que je termine et que je lève le camp. En sortant du bâtiment, je suis touchée par la fraîcheur de l’air. Encore une fin de journée où il vaut mieux que j’enfile mes gants pour conduire ! Sur le chemin, malgré le brouillard épais par endroits, je me rends compte qu’il fait bien plus clair que les soirs précédents à la même heure : le soleil se couche plus tard. Ça veut dire plus de lumière, c’est gai ! Un peu plus loin, le brouillard s’estompe et j’aperçois un bout de ciel, rosé par le soleil couchant… et de l’autre côté de la route, des herbes blanchies par le givre. Quel plaisir, ce spectacle ! Je souris.

Sans raison apparente, mes pensées se dirigent vers l’ordre que j’ai mis sur la table ces derniers jours, sur le tri que j’ai amorcé parmi les nombreux dons et autres boîtes revenues des réserves. Une touche de satisfaction apparaît au fond de moi. Plus qu’à garder le cap.

À côté de ces tables, me reviennent à l’esprit les conversations avec mes nouveaux collègues. On est peu nombreux mais j’ai la chance de travailler avec des femmes déterminées, qui sont passées par des situations professionnelles similaires aux miennes. L’une a elle aussi essayé de percer en archéologie, l’autre a également bossé quelque temps en charcuterie et en fromagerie. Et juste comme ça, on a parlé de nos impressions et anecdotes personnelles : le peu de débouchés correspondant à nos compétences, la recherche d’emploi avec toutes ces fois où les gens nous rejettent sur CV parce qu’on a un diplôme d’archéologue et qu’on risque de retourner à cette passion-là (comme si on ne pouvait avoir qu’une passion dans la vie ! Et comme si on resterait d’office longtemps si tel n’était pas le cas…!). Il y a aussi toutes les histoires à la découpe : la complexité de faire des tranches très fines (aussi appelées chiffonnades) de jambon cru ou de mortadelle à la trancheuse (en veillant à ce qu’elles soient régulières et ne se trouent pas), les clients difficiles qui ne savent pas ce qu’ils veulent… C’est amusant et rassurant de constater que l’on n’est jamais seul(e) à vivre un type de situation !

En roulant à travers les villages, je vois des passants sur les trottoirs. Certains se baladent en rue en short, comme s’il ne faisait pas si froid… Une personne sur le chemin m’intrigue en particulier. Impossible de dire si c’est un il ou un elle… Cette observation me rappelle un échange avec une connaissance sur l’arrivée du déterminant « iel » dans notre chère langue française. Personnellement, je trouve cela trop bien. Cela nous permet d’éviter de choisir un déterminant plutôt qu’un autre. Est-ce un il ou un elle ? Disons un iel. Après tout, cela ne nous regarde pas, ce qu’il y a dans son pantalon ! … Et on évite de froisser les hommes en les appelant « madame » ! 

Mais cette pote avec qui j’ai parlé de ce nouveau déterminant n’est pas du tout de mon avis. Elle trouve cela stupide. Son argument ? De nos jours, des enfants ou adolescents en pleine construction de leur identité décident de changer de genre ou même de sexe (avec l’opération chirurgicale et tout le saint-tremblement hormonal). Pour elle, ajouter ce genre de mots dans la langue française, c’est presque inciter les jeunes à ne pas se définir au niveau binaire (homme ou femme) et refuser de choisir une identité de genre pour suivre la tendance. Son avis m’a laissée un peu perplexe… Je suis aussi déçue (mais pas étonnée) que la non-binarité puisse devenir un effet considéré aussi légèrement qu’une mode pour certains. Maintenant, je doute que parler d’une personne en iel va renforcer une volonté chez certains jeunes de changer de sexe… C’est tellement plus complexe que ça ! Enfin bref, peu importe son genre, la personne se baladait avec un tel air jovial que ça faisait plaisir à voir ! 

La suite au prochain épisode…

Chronique d’une Sans Emploi Fixe | L’Info de la Région 2022 | SEMAINE 3

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