Je suis assise à mon bureau… mais cette année, c’est un autre bureau. Seule dans une grande salle, avec pour seule compagnie des bouquins, certains très anciens. Et parfois une collègue ou l’autre, il faut bien l’avouer, qui vient vérifier que je m’en sors à mon nouveau poste. Ce sont les premiers jours mais cela ne me fait pas bizarre d’être là. Curieusement. Bien sûr, j’ai passé des heures à chercher à comprendre chaque aspect et prendre en mains les systèmes de rangement des livres, des revues et des photos… mais ce n’est pas un lieu étranger ou inhospitalier pour moi. Et pour cause : quelques années auparavant, je m’y suis rendue de temps en temps, un vendredi ou l’autre, en tant que bénévole. À l’époque, j’espérais me rendre utile en matière archéo- ou anthropo-logique. Ce fut le cas. Un peu du moins.
Alors que j’observe les étagères de bouquins du coin de l’œil, l’ordinateur redémarre lentement. Je bois une gorgée d’eau dans une tasse de fortune, que j’ai trouvée dans la cuisine, et je songe. Demain, je dois ramener une bouteille en inox avec mon eau sinon je finirai desséchée ici.
Un message passe sur mon smartphone. Je ne vois que quelques mots apparaître mais je sais de quoi il s’agit. C’est une grande amie qui m’écrit. Toutes les deux, on se serre les coudes pour quelque chose qui nous tient à cœur. Je pourrais vous dire de quoi il s’agit, mais le charme de la solidarité sur ce projet en pâtirait un peu, surtout pour ceux qui trouvent cela idiot. Alors disons seulement que l’on se soutient moralement à chaque fois qu’on est désespérées ou que l’on a envie de baisser les bras. Il y a une expression qui explique très bien cela en anglais, je trouve : we stand for something. Nous sommes debout pour quelque chose, dans le sens « défendre »… Mais pour moi, en français, cette traduction ne représente pas assez son sens. Avec mon amie, on l’a sûrement illustré quelques fois au cours de notre courte mais diversifiée carrière. On s’est levées pour avoir le respect auquel on avait droit. On s’est levées aussi pour changer de job quand cela en était trop pour nous. Et aujourd’hui encore, on est debout et on tient ensemble pour quelque chose qui nous tient à cœur.
Vous avez déjà eu ce sentiment ? Ce sentiment d’avoir quelque chose qui vous fait vibrer. Quelque chose qui vous parait important à réaliser, à lancer, à mener à bien, à défendre bec et ongles s’il le faut. Avancer, malgré les obstacles, propulsé par la force d’une solide amitié ou d’un objectif inscrit au fond des tripes…
Enfin je m’égare. L’ordinateur s’est rallumé et je m’aperçois qu’il est déjà passé midi. Mon estomac grogne, comme pour confirmer. D’ailleurs, cette année, mon appétit me surprend beaucoup. J’ai bien plus faim qu’avant. Je me lève même plus tôt le matin pour déjeuner… Un vrai estomac sur pattes. C’est étonnant !
Alors que je descends les escaliers, en direction de la cuisine, je jette un œil sur le site web du magazine sur mon smartphone. Le dernier Inside s’y dévoile, article par article. Encore un beau travail d’équipe ! … À chaque pas et à chaque marche, mon attention se porte quelque peu dans la sensation de mes pieds, se posant l’un après l’autre. Il faut dire que ce serait idiot de se casser la figure dans cet escalier en lisant des articles que j’ai déjà lus et relus. Juste avant de mettre en veille cet écran et d’empocher l’appareil, mes yeux entrevoient les mots « My Tiny Restaurant »… et mes échanges téléphoniques avec les candidats me reviennent en mémoire. Puis la joie que j’ai ressentie pour un des candidats de chez nous qui se retrouve en finale. Les Gaumais ont de quoi être fiers avec un chef cuistot comme Maxime Nizette ! Son projet de table d’hôtes « nourrie » en microferme et circuit court à Étalle va en séduire plus d’un !
La suite au prochain épisode…
Chronique d’une Sans Emploi Fixe | L’Info de la Région 2022 | SEMAINE 2