Je suis au volant de ma voiture, tremblant un peu. Les larmes perlent sur mes joues mais je ne suis pas triste. Je suis bouleversée et exténuée. Tout allait bien jusque là. Tout à coup, j’ai craqué. Je n’ai pas vu venir le coup de stress qui a joué le rôle de goutte faisant déborder le vase… Mais il était là. Il faut dire que cela fait quelques semaines maintenant que je garde pour moi un flou artistique d’une ampleur faramineuse à mon échelle : je ne sais pas où je serai en 2022.
Bien sûr, j’ai l’habitude depuis sept ans d’être sans emploi fixe, de ne pas savoir ce que je ferai le mois suivant… Et bien sûr, je sortais de temps en temps une petite phrase qui exprimait mon désarroi à mes collègues, à mes amis ou à ma famille… Mais je ne pouvais rien faire d’autre que d’attendre l’heure fatidique des décisions. J’ai développé des plans A, B, C, D, E… De quoi pouvoir rejoindre une comète et même peut-être faire le tour de la galaxie (enfin, j’exagère, vous l’avez compris). La dernière idée inclut d’ailleurs de tout plaquer, de revendre ma voiture et de partir en van aménagé en mode “tiny house” à la recherche d’opportunités où je peux apporter mes compétences… Mon plan A est en cours d’analyse économique, si je puis dire. Mon plan B a hâte de me parler des perspectives lors d’un rendez-vous pris looooiiinn dans le temps. Et les autres restent à l’état de projets. Bref, même si je plante des graines dans le jardin des idées et même si je pose des pierres régulièrement pour débuter les fondations… Ce n’est que vaguement rassurant, je ne vous le cache pas. Et ça fait partie de la vie.
Si tout sort particulièrement aujourd’hui, c’est sûrement parce que l’année 2022 approche à grands pas ! Au final, la seule chose en laquelle je suis sûre de pouvoir avoir confiance, c’est en moi. Je sais qui je suis et je sais que, même dans la situation la plus merdique, je m’en sors à chaque fois, d’une manière ou d’une autre. Parfois, j’ai une leçon à apprendre. Parfois, c’est « simplement » un chemin à choisir. Et je dis ‘simplement’ entre guillemets parce que faire des choix n’est clairement jamais simple ! Je suis sûre que vous comprenez cette situation.
Bref, ce beau flou finit par être pesant, fatigant… Il fallait bien que cela sorte d’une manière ou d’une autre ! Je gare enfin ma voiture en ville. Mettant la main dans la boîte à gants, j’attrape une lingette démaquillante de secours pour essayer d’effacer quelque peu les marques de tout ce stress.
Aujourd’hui, je vais tester un nouvel endroit pour travailler : un espace de coworking, tout cosy. Je m’y pointe avec ma tablette et mon clavier sous le bras. L’objectif ? Un peu de tranquillité d’esprit pour me focaliser sur mon travail. Pas de chat en quête de câlins, pas de compagnon en télétravail, pas de collègue pour poser des questions, raconter une histoire ou lâcher une bonne blague, pas d’interférence d’aucune sorte… Si ce n’est mon gsm, que je compte bien ignorer.
Mes pas m’emmènent à travers la ville déjà illuminée pour Noël… Je peux presque sentir l’odeur de la cannelle et du vin chaud en voyant cela. L’enthousiasme remonte en moi. Je m’arrête devant une baie vitrée moderne et décorée. C’est avec un grand sourire (que je devine derrière son masque) que la gérante m’accueille. Alors qu’elle me montre l’espace, je sens de l’apaisement se diffuser dans ma tête. Les bureaux, les plantes, la déco… tout a l’air confortable et calme : pile ce qu’il faut à mon esprit pour se concentrer sur les projets en cours. C’est parti !
La suite au prochain épisode…
Chronique d’une Sans Emploi Fixe | L’Info de la Région 2021 | SEMAINE 50