Le chat, les annulations et les jobs alimentaires | Chronique d’une Sans Emploi Fixe | 35

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Marchant quelques pas dehors, j’hume un instant l’air frais. Le ciel est d’un bleu clair éclatant et cela fait plaisir à voir. Cette bonne humeur m’accompagne alors que j’entre dans ma maison. La porte à peine ouverte, j’entends déjà le chat accourir. Il apparaît rapidement dans le hall d’entrée, me regardant de son air intrigué et plein d’espoir, comme toujours. S’il pouvait parler, il dirait certainement quelque chose comme : « Coucou ! Tu es là ? Ça veut dire qu’on va manger ? »… Je pose mes affaires et remarque une nouvelle notification d’événement annulé sur mon GSM. À cette lecture, une pointe de désespoir grandit en moi. J’attrape au passage la petite boule de poils affamée pour lui faire un câlin et la douceur de son pelage me détend instantanément. Un petit bisou sur sa tête et je le repose à terre, songeuse.

Hé oui, depuis le dernier comité de concertation, de nombreux événements s’annulent. Ce n’est vraiment pas la joie mais il fallait s’y attendre en cette saison. D’après certains, ce n’est que le début… Il faut dire que si le gouvernement n’a rien interdit, les mesures sanitaires sont tellement contraignantes qu’elles induisent un tri très important des événements. Pour l’instant, ce qui arrive à être maintenu, ce sont de petites activités en extérieur où pass et masque seront d’office obligatoires… Mais j’ai du mal à trouver ce genre d’activités festives ou attrayantes. Qu’est-ce que ça doit être dur de s’en sortir dans ces circonstances pour les gens qui dépendent du secteur événementiel ! Organisateurs, artisans, créateurs, restaurateurs et gens du voyage, par exemple, doivent en avoir tellement ras-le-bol de cette situation… Arrivée dans la cuisine, j’en profite pour prendre un chocolat. C’est amusant, je n’ai pas vraiment d’expérience dans ces secteurs pro en particulier. “Simple” créatrice de contenu en évolution constante, je ne peux qu’imaginer les émotions et difficultés qu’ils sont ainsi amenés à traverser. Le chat, qui m’a suivie jusqu’au salon, m’observe manger mon chocolat. Ses grands yeux aux pupilles dilatées me fixent. Je le caresserais bien, s’il était plus près… Mais si je me lève, il va prendre ça autrement. 

Je repense à une autre conversation que j’ai eue plus tôt cette semaine : on parlait de boulots alimentaires. S’il y a bien un sujet qui revient régulièrement entre collègues, c’est la nourriture. Il faut dire qu’il faut bien manger tous les midis ! Alors évidemment, quand on a un.e collègue qui a bossé dans un resto ou un snack, c’est souvent dans ces moments-là qu’il/elle dévoile les petits secrets des lieux : les moments où l’on pouvait goûter, voire manger à l’œil, les codes des dates à vérifier si l’on veut absolument du très frais, les techniques de préparation ou de cuisson de certains plats et puis, bien sûr, ce qu’il faut dire pour énerver l’employé derrière le comptoir… Bref, de belles conversations sur des jobs, souvent éphémères, qui nous apprennent beaucoup.

À chaque fois, ce genre d’histoires me fait penser aux semaines que j’ai passées entre les rayons charcuterie et fromagerie d’un supermarché. C’est sûr qu’il m’est également arrivé de grignoter sur place. Parfois, c’étaient des produits qui auraient fini à la poubelle, d’autres fois, c’était juste pour goûter et pouvoir conseiller le client, bien sûr. Mais, en vérité, quand je me retrouvais avec un morceau de jambon ou une tranche de saucisson dans la bouche, c’était simplement parce que j’étais affamée et qu’il n’y avait pas de client pour constater ma gourmandise. Honnêtement, on fait tous cela, il faut juste être raisonnable.

La suite au prochain épisode…

Publié dans la Chronique d’une Sans Emploi Fixe| L’Info de la Région | S48

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