Voilà l’automne et disons-le platement, cela fait un mois et demi que je suis au chômage à mi-temps. J’ai pu rédiger quelques publications en freelance (merci Smart) mais grosso modo, c’est calme. Et j’ai la rage. J’ai la rage d’avancer, la rage de mettre en place toutes mes idées pour continuer à vivre de ce qui me plaît. J’ai la rage parce que je n’ai pas avancé autant que ce que je voulais et parce que le temps, c’est de l’argent, d’après les banquiers (et tout le monde sait que ce sont eux qui contrôlent notre monde… plus ou moins). J’ai la rage parce que j’adore écrire pour payer mes factures et que je n’ai pas vraiment envie de retourner en intérim (même si je le ferai sûrement si besoin).
J’ai la rage aussi parce que j’ai clairement remarqué les rivalités qui apparaissent entre différentes sociétés… Une vision des choses qui me bloque dans l’exercice de ma passion. Dur de trouver un second mi-temps. C’est bien dommage parce que je suis bonne pour garder les données confidentielles secrètes. Puis je trouve que chaque concurrent a le droit d’exister. D’ailleurs, faire la même chose n’implique jamais de le faire dans le même style… il faut de tout pour faire notre monde.
Bref, je suis de nouveau obligée de me battre pour concrètement ramener des thunes et payer ma part de la maison. Et j’ai la rage de faire face à ces difficultés à nouveau. Et on peut dire que j’ai déjà donné, pendant ces six dernières années. Une fois mes études finies, j’ai dû me battre pour informer les archéologues de ma disponibilité, être là au bon moment pour avoir une chance d’acquérir de l’expérience… Me battre pour continuer à avoir des contrats, me battre pour qu’ils ne m’oublient pas (et c’est dur de faire ça sans passer pour une arrogante dans ce pays)… Me bouger pour proposer toujours plus pour un budget minimal, accepter de faire autre chose en attendant d’être considérée comme une option utile… Me battre, encore et toujours jusqu’à ce que je m’aperçoive que j’avais perdu la flamme.
Heureusement pour moi, l’étincelle, je l’ai trouvée ailleurs. Dans une passion plus vieille encore que les mystères et les « vieux trucs », celle de l’écriture. Alors je suis encore au stade où la bougie de la rédaction se rallume quand on souffle dessus : c’est une passion magique. Mais derrière, il y a les factures. Et les clients ne viennent jamais tous seuls. Vous comprenez pourquoi j’ai la rage ?
Rassurez-vous, cette rage n’est pas vraiment négative. C’est un propulseur ! Et une émotion quelque peu agaçante, je l’admets, parce que toute personne qui me casse un chouïa les pieds s’expose à se prendre une vérité cinglante en pleine poire. Hé oui, dans ces cas-là, la diplomatie est partie se cacher (probablement sous le bureau, là où on regarde jamais)… Mais qu’est-ce que cette rage me fait avancer ! Elle fait disparaître les doutes, hésitations et ajoute un viseur devant l’objectif. Elle est me booste. Comme si je roulais à vélo et que je ne pouvais poser un pied à terre…
Hier, j’étais pieds nus dans l’herbe (entre les trèfles et les chardons), en train de rédiger un portrait d’entrepreneure, observant par moments une sauterelle grimper en haut d’un brin d’herbe à quelques centimètres de mes orteils. Aujourd’hui, j’ai la rage, travaillant une fois de plus mes offres de prix et envoyant des propositions de collaborations à différents partenaires potentiels. Je suis sûre que ça parle beaucoup aux indépendants, freelances et entrepreneur.e.s. Alors accueillons cette rage d’avancer.
La suite au prochain épisode…
Chronique d’une Sans Emploi Fixe | publiée dans L’Info de la Région 2021 | SEMAINE 39