Voilà, vous l’avez remarqué aussi, j’en suis sûre : les choses se tassent petit à petit et l’on recommence à faire la bise aux gens qu’on croise… Du moins, ceux qu’on aime bien. Et avec ce grand retour du contact physique social, revient aussi un package complet d’impressions et doutes fort gênants. Hé oui !
Honnêtement, je ne m’y attendais pas. Enfin je parle du lot de malaises qui a toujours accompagné cette façon de dire bonjour. En fait, cela fait quelques mois que j’ai repris cette pratique avec ma famille et mes meilleures amies. D’ailleurs, en plus de la bise, avec certaines, on fait même des câlins, tellement on s’est manquées. Alors pourquoi la bise serait-elle à nouveau liée à des moments de malaise ?!
Pour cela, je crois qu’il faut se remémorer de ce que ça donnait avant. Personnellement, je pense pas trop être asociale (malgré quelques débuts difficiles où quand j’étais enfant, je n’avais pas forcément envie de faire de bisous aux adultes…). Depuis l’adolescence, j’ai fait partie de ces gens qui viennent dire bonjour à leur amie, plantée au milieu d’un cercle d’amis, et qui du coup, se mettent à faire la bise à toooous les gens du cercle. Question de politesse ? Peut-être, sûrement. C’est plus sympa, quoi.
Par contre, en arrivant à l’âge « adulte », le doute sur « on se fait la bise, on sert la main ou on se contente d’un bonjour de loin ? » a commencé à grandir. Pour couper court aux moments gênants où certains tendent la joue ou se mettent debout pour faire la bise alors que je n’avais pas l’intention de me lancer dans un contact physique en guise de bonjour, j’avais développer le « tonitruant bonjour », à exprimer dès l’arrivée à proximité d’un groupe… accompagné de son petit geste – risible mais efficace – signifiant « je vous fais bonjour de loin hein voilà ». Merci, au revoir. C’était plié.
Et puis, les rendez-vous professionnels ont commencé à se multiplier et je suis partie du principe que tendre la main pour la serrer en guise de bonjour était plus pro… Sauf qu’avec certains collègues, tu te mets à faire la bise, tu sais pas trop pourquoi… et c’est à nouveau le flou.
Ah oui ! Et pour couronner le tout, mon passage d’un an en Angleterre n’a pas des masses aidé à clarifier ce genre de choix en matière de salutations, puisqu’il y avait un beau gros mélange de façons de procéder différentes : bise, accolade, simple bonjour verbal, petit geste… Je vous dis pas le bazar que c’était dans ma tête en revenant !…Déjà que je galérais à traduire toutes mes pensées de l’anglais vers le français (il avait déjà fallu quelques semaines pour que ça switche dans mon cerveau…).
Enfin bref. Avec le Covid, des gens étaient contents : surtout ceux qui n’aimaient pas ce contact physique avec tout le monde… Et ceux qui détestaient ce petit malaise ridicule de « on se fait la bise ou pas » mais qui n’osaient pas le formuler tout haut…
Mais à présent qu’on peut, de manière raisonnable, saluer ceux qu’on apprécie, la transition n’est pas toujours simple… Et pour la plupart des gens, il y a de nouvelles façons de se dire bonjour qui se sont ajoutées aux anciennes (check du point, du coude, du pied…), laissant planer encore plus le doute sur la façon de saluer les gens… Tu le sens venir le bordel monstre dans la tête là ? :p
C’est comme ça que je me retrouve à continuer à saluer mes collègues en faisant un check du point, mais que je fais la bise à mes amis que j’invite chez moi ou que je croise dans la rue… Et quand on croise les collègues le week-end, on fait quoi ? Ben on oublie et selon la personne, on fait une bise, un check ou un bonjour de loin… Voilà, un beau bordel.
C’en est à tel point que, quand je croise l’un ou l’autre collègue en dehors du boulot, une partie de moi est parvenue à se convaincre que je le/la vois assez souvent et du coup, pas besoin de salutations, voyons ! Même pour ceux avec qui je m’entends vraiment bien. Et c’est là que tu as ce regard de ton/ta collègue (que tu ne tiltes pas toujours tout de suite) et qui exprime bien l’interrogation du « on fait quoi, on se fait la bise, on se fait un check, ou rien du tout ? ». Du coup, même quand on est content de se voir, on ne sait plus. Alors, selon l’humeur ou la préoccupation du moment, on fait que se regarder et se demander comment ça va. Heureusement qu’on n’a pas besoin de se demander si on se tutoye ou pas !
Nan mais sérieusement, cela souligne bien à quel point on a perdu le mode d’emploi de la vie sociale ! … Même si par moments, j’ai l’impression que certains l’ont retrouvé ce petit feuillet de 8 pages où on n’a jamais su tout déchiffrer… Mais maintenant, il a l’air d’avoir biiieeen pris l’eau, là depuis deux ans qu’on nous bassine avec des distances de sécurité. On ne sait même plus si on doit garder le masque dans la poche quand on va chez des amis !
Enfin bref, je ne vais pas vous laisser sur ce « ? » intégral et je vous propose une solution : pas de simagrée, pas de doute, on s’embrasse et puis c’est tout. On ne sait pas encore si on est vraiment débarrassé de leurs mesures sanitaires pour de bon, alors profitons.
Belle journée 🙂