C’est le matin de la clôture d’Inside Magazine. Je perçois un peu de pression dans l’air. Chacun s’affaire à sa tâche… De mon côté, je relis le magazine en quête d’éventuelles typo ou fautes. Lorsque je finis la relecture, je tends les feuilles imprimées à mon collègue pour qu’il effectue les quelques corrections. Je ne peux m’empêcher de me dire que ce sera peut-être le dernier magazine pour lequel j’aurai contribué autant… La fin d’un chapitre s’annonce, un nouveau se profile à l’horizon.
En temps normal, j’aurais un pincement au coeur… Comme souvent, quand je me prépare à partir d’un boulot. Mais ici, d’une certaine manière, je sais que je continuerai dans cette voie. Alors le feeling est un peu différent. Une sensation de continuité prend forme…
Mais une chose est sûre, ça fera bizarre de ne plus voir les collègues tous les jours. Les taquineries, blagues et commentaires faussement agacés me manqueront.
Si j’ai un peu de chance, la rédactrice que je remplace aura besoin d’un coup de main ou l’autre dans les prochains mois et je continuerai à pouvoir rencontrer certains d’entre vous, papoter de vos passions et en parler à nos lecteurs. Alors, croisez les doigts pour moi !
Généralement, quand je parle de ça, les réactions divergent. Certains d’entre vous se demandent sûrement comment je ferai pour payer mes factures. D’autres s’interrogent peut-être sur le prochain job que je trouverai… Dans ces moments-là, les empathiques me disent souvent qu’ils ne sauraient pas supporter ce stress, ce flou ou cette instabilité. Et cela les étonne de me voir sereine.
En fait, j’ai confiance en moi car cela fait des années que je m’en sors toujours. J’ai eu pas mal de doutes et de stress entre chaque job, bien sûr. Mais j’ai toujours rebondi.
Le moment des choix, des redirections et des opportunités n’est, bien entendu, pas évident à traverser… À chaque fois, je fais face à des opportunités qui m’obligent à me remettre en question : abandonner l’archéo-anthropologie ? Poursuivre sur la voie du marketing et de la rédaction ? … Ou me reconvertir en éleveuse de lamas au Chili ?
Bon, sans rire, il faut bien avouer que savoir dire oui ou non à des missions professionnelles, c’est tout un art. On le sait, refuser un job peut laisser la voie libre pour un autre, bien plus chouette… Mais même si ça ne correspond pas tout à fait à nos attentes, on a la pression des factures à payer et la décision n’est pas simple.
L’an dernier, quand j’ai postulé pour le remplacement ici chez Inside, je me suis demandée si c’était une bonne chose de mettre en pause mon activité de rédactrice freelance, pour laquelle j’avais mis des mois de construction intenses. Ce qui m’a aidée ? J’ai eu un vrai bon feeling à l’entretien.
Une fois apprivoisées l’idée de travailler en tant que salariée et la peur de perdre des mois de labeur, j’ai pu voir ce changement comme un apprentissage.
Honnêtement, cette année m’a fait beaucoup de bien ! Je me suis aperçue que les missions freelance m’avaient rendue amère. Avec la pression et la difficulté d’avoir des clients réguliers, j’avais perdu mon côté exubérant et fun. Aujourd’hui, peu importe ce qui se passe, je compte bien le garder pour la suite ! Ainsi, la joie et la confiance en l’avenir sont deux ingrédients que j’ai l’intention de nourrir sur le chemin de la réussite et des bonnes surprises, tant professionnelles que privées.
La suite au prochain épisode…
Chronique d’une Sans Emploi Fixe par Hélène Déom | pour L’Info de la Région 2021 | SEMAINE 27