Aujourd’hui, je suis ravie. L’interview d’un artiste libramontois vient d’être publiée sur le site web d’Inside Magazine. En la voyant publiée ainsi, je sens grandir en moi ce sentiment que c’est un partage important : pouvoir parler de sa passion pour le théâtre, de sa situation depuis le covid-19, mais surtout de pouvoir diffuser son combat pour les travailleurs de la culture et d’autres secteurs en difficulté…
C’est un des premiers artistes qui s’est exposés pour interpeller et faire réfléchir les politiques sur leur gestion de la pandémie. Et il continue à le faire encore aujourd’hui. Il faut être réaliste, sans un vrai plan de relance économique, un secteur déjà fragile comme la culture va nécessairement perdre la plupart de ses richesses à cause de cet arrêt complet et forcé (qui sera peut-être suivi de nouvelles fermetures). Tel est son message en résumé…
Et je n’ai pas de difficulté à le comprendre. Ayant travaillé en archéologie et en anthropologie, je sais pertinemment bien que les moyens alloués à la culture sont peu élevés. Ce n’est pas pour rien qu’à l’heure actuelle en Wallonie, les anthropologues physiques n’ont plus droit qu’à des missions temporaires pour intervenir en archéologie… même s’il y a encore clairement des études qui pourraient être menées pour mieux connaître les civilisations du passé. Je ne sais pas précisément où va l’argent dont on aurait besoin pour développer un véritable département et contribuer de manière décente à faire avancer la science (quoique, j’ai ma petite idée…), mais elle n’est clairement pas dans la culture, ni du passé, ni du présent.
L’archéologie belge, elle-même, fait régulièrement face à des difficultés : l’avancée des travaux privilégiée sur la récupération des données archéologiques, des finances serrées et une étiquette de perturbateurs de modernité qui lui colle à la peau (même quand les projets sont suspendus pour cause de pénurie de matériaux…).
En attendant, le résultat est le même partout : le chômage. Les chanceux ont droit à des allocations et les autres doivent faire leurs preuves… Ces passionnés sans emploi se voient alors attribuer l’étiquette (encore une) de « profiteurs du système ». J’y ai eu droit. Mais comment décrire une activité professionnelle qui prend ce chômage comme un plan de secours ? Aux yeux des banques, j’étais au chômage. Et en réalité, je courais partout : j’étais en mission intérim certaines heures de la journée et je complétais mes semaines en freelance en corrigeant des manuscrits pour des maisons d’édition ou en rédigeant des articles pour un journal, par exemple. Grâce à mon activité développée chez Smart, j’arrivais ainsi à payer mes factures sans dépendre de mes parents. Parce qu’à 26-28 ans, c’est mieux… Et les jours où je ne parvenais pas à avoir de mission, je touchais du chômage : un parachute doré ? Ou le reflet d’une société qui rejette l’instabilité au travail tout en la générant ?
L’ironie de cette histoire, c’est que j’ai toujours adoré découvrir de nouveaux métiers et ça a un côté gratifiant de se bouger autant, même pour gagner des clopinettes… puisque ces clopinettes me permettaient d’avoir mon propre chez-moi. Aujourd’hui, j’ai donc une pensée pour tous les artistes et acteurs culturels qui vivent cette situation instable et floue, aggravée depuis le covid.
Courage à vous !
La suite au prochain épisode…
Chronique d’une Sans Emploi Fixe par Hélène Déom | pour L’Info de la Région 2021 | SEMAINE 19